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Pour sa septième exposition à la galerie, Claude Champy, un des plus illustres et des plus puissants céramistes de France, trois grands prix et des expositions du Japon aux Etats-unis, a pris le risque au départ léger mais finalement énorme de travailler pour la première fois sur un thème. Cet artiste qui place au plus haut dans son art la matière et sa minéralité, une capacité à goûter « la saveur de la terre » par quoi d’ailleurs le conservateur du département de la céramique au musée national de Tokyo, monsieur hayashiya a reconnu quelque chose d’une sensibilité toute japonaise, cet artiste donc, dont toute l’œuvre est construite à l’énergie, dans la spontanéité gestuelle et sous l’empire du signe, a donné cette fois la priorité à la forme. Il s’est mis en tête, littéralement, de créer des « clefs de voûte » ! Je vous demande un peu ! Idée assez inattendue pour un esprit contemporain plus habitué aux longues structures portantes qui se suffisent à elles-mêmes que des édifices du Moyen-Age. Lui-même ne sait pas vraiment comment l’idée naquit en lui, peut-être du mot qui le laisse rêveur quand il le prononce. Peut-être de son four à bois dont il se souvient qu’il craignait en le construisant que la voûte de briques ne s’effondre. Peut-être encore de ses grandes « Falaises triptyques » de 2009, présentées ici même, qui ne l’ont pas conduit vers la minéralité blanche d’Etretat, ce qui semblait le chemin le plus court vers la poursuite tranquille de son art qui se renouvelle constamment dans le plaisir et dans l’élan fluide. Non, c’est vers l’architectonique qu’il s’est tourné, autant dire vers une problématique.

Pour conduire cette aventure très nouvelle pour lui, il a fait des dessins, cherché les formes, les volumes et les équilibres à la pointe du crayon, et fait de petites maquettes. Mais ce sont des repères, des étapes de la réflexion. L’essentiel se jouera, une fois la forme et les volumes adoptés, en direct avec la terre, comme à son habitude. A plein bras. Lorsque Picasso disait qu’un artiste met toute une vie pour retrouver la puissance créatrice de l’enfance, on pense toujours à la qualité du tracé et de la composition. Mais il y a une autre interprétation possible, c’est l’entêtement mis à trouver le moyen de réaliser une idée venue s’inscrire on ne sait par quel chemin dans le désir de création. « Je pense aux clefs de voûte depuis trois ou quatre ans » dit Claude Champy. En ce sens, cet élément de construction qui bouleverse complètement l’esprit de l’œuvre antérieure, est dans la lignée des sphères des années 80 faites parce qu’il ne comprenait pas comment y arriver.

L’entêtement, la force du désir : le lieu où l’artiste, le chercheur et l’enfant qui construit se rejoignent dans la même liberté aventureuse, celle qui se passe de mots, de préceptes et même d’hésitations et se nourrit d’intuitions, de visions et de fulgurances.