Agenda

LYON 1er : EXPOSITION PHOTOS MARTIN BECKA "TERRITOIRE" A REGARD SUD GALERIE

Du 13 septembre au 27 octobre 2018,

Martin Becka

"TERRITOIRE"

Exposition de photographies dans le cadre du Festival 9PH - Lyon Septembre de la Photographie 2018

Lorsque Martin Becka arpente un paysage qu’il fixe, observe et pense avec l’image, nous sommes amenés dans un univers où des éléments à priori stables et familiers, qu’ils soient du domaine de la représentation ou du réel, se font étranges. La série « Territoire », réalisée en 2015 dans le canton de Vau, dans les environs de Vevey en Suisse, fait partie de cette démarche axée autour de questions liées au temps, à l’espace et au médium photographique lui-même.
Le territoire proposé ici, qui se dessine dans la série, est le résultat d’un enchevêtrement complexe où les éléments invisibles de nos espaces quotidiens rencontrent ceux qui nous sont bien connus, où l’imaginaire se déploie dans le réel, et où l’image oscille entre présent, passé et futur. Cette fine trame d’oppositions (visible-invisible, architecture-corps, matière-transparence, passéprésent) qui provoque des décalages pertinents dans la perception est relative à une pratique singulière, qui fonde le travail de l’artiste.
Martin Becka est effectivement un expérimentateur, qui met en jeu par la forme de sa pratique, le médium tout autant que ce qu’il photographie. Si l’expérimentation communément photographique du regard qui déplace corps et idées, ceux du photographes et du spectateur, est bien présente, on observera d’autres champs d’expériences dans son travail. C’est à la chambre, une chambre de voyage du début du XXème siècle, et au moyen de négatifs papier cirés de 18x24 cm, WWW(c’est à dire des négatifs fabriqués par lui-même, en support papier, selon la méthode de Gustave LenGray datant de 1851) que le photographe fait image. Ce choix suppose un grand travail de préparation, où la photographie se construit au moyen de produits chimiques, de papiers, de liquides divers, de lumière, donc, de matières, à l’encontre de notre usage quotidien de la photographie. Fabriquer une image relève ici d’un travail manuel, dont le résultat reste relativement incertain, et où la confrontation avec la matière est essentielle, comme pour se souvenir, entre autre, que l’image n’est pas vraiment immédiate, ni transparente, ni neutre. Cette pratique de la photographie a été celle des pionniers de la photographie (dont certaines figures de la mission Héliographique de 1851comme Le Secq, Mestral et Le Gray) peu de temps après cette découverte quasi magique qui consistait à fixer directement sur un support une étendue visuelle du réel. En utilisant aujourd’huicette technique, Martin Becka rejoue l’expérience historique. Il introduit par là un doute quant à l’actualité de ces images, renversant notre regard sur un paysage qui peut se regarder alors comme une ruine tout comme une vision du futur, et où la place ainsi que l’action de l’homme sur ce paysage, mises en écho dans cette pratique insolite de la photographie, sont questionnées. Car la marque de ce processus, inscrite dans la surface du papier de « Territoire » réintroduit ainsi de la matière, et du corps, pourtant si absent des images, et ce corps semble nous ramener de nouveau à l’homme, à sa présence qui bouleverse l’espace et le temps. Ce territoire, marqué par l’humain, ne cesse effectivement de parler d’eux, de leurs relations au paysage mais aussi de leurs pratiques de l’altérité.
« Territoire » signale ainsi l’existence tenue d’une trame entre l’humain et son paysage, mais aussi entre la matière et l’image, l’image qui vient tirer les fils de cette trame et qui, dans le geste de l’artiste, par l’imaginaire, met au grand jour le réel.

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