L’Europe sur la
Palette d’Yves Belin L'artiste peintre virois Yves Belin vient d'être nommé commandeur dans l'Ordre de l'Etoile de l'Europe. Une distinction attribuée par la fondation européenne qui comprend, entre autres, le chanteur Charles Aznavour, le prix Nobel Élie Wiesel ou le virtuose de violon, Yehudi Menuhin. Le prix récompense l'ensemble de la carrière du Virois. A 57 ans, le peintre surréaliste voit de nouvelles perspectives. Yves Belin est tout ému à l'idée d'aller recevoir sa distinction à Paris et se sent déjà à l'étroit dans le costume qu'il portera. Il n'est pas du genre à claironner son nouveau succès sur tous les toits. « Je suis le premier étonné de ce qui m'arrive. » Le peintre Yves Belin, même s'il expose à Pékin, Prague ou Washington n'est pas devenu pour autant un inconditionnel des grands salons parisiens. La gloire, il ne court pas après. « Je vis dans une grande simplicité. » Dans sa maison où s'entassent les souvenirs, rue du Cotin, il y a toujours une place pour les amis, la musique, la poésie... Une vie qui le rend heureux, dit-il, et qu'il a choisie. Au commencement, il était professeur de lettres et avait suivi des études supérieures de psychopathologie. Parallèlement, il peignait, jouait de la trompette, du saxo, de la clarinette, se délectait de poésie... « J'ai mis longtemps à accepter que j'étais un artiste. » A 35 ans, la peinture « s'est imposée à moi », confie-t-il presque comme une excuse. Il est devenu professionnel mais cela ne l'a pas coupé de ses autres passions. « La peinture m'a ouvert le monde. » Un monde qu'il n'aurait même pas imaginé toucher du doigt il y a 30 ou 40 ans. « Mon père était cantonnier. J'ai vécu dans cette simplicité. » Aujourd'hui ses tableaux se vendent en moyenne dans les 7-8 000 F. De chaque voyage, il ramène des souvenirs qui viennent peupler son univers de la rue du Cotin à Vire. Yves Belin a fini par s'accepter comme artiste. Un artiste au singulier qui « regarde intensément les choses » et peint du surréaliste en touches de couleurs. Il s'est libéré des contraintes. Fini le temps où le Breton devenu Virois cernait tous ses dessins de noir. Aujourd'hui ses tableaux éclatent de couleurs et de lumière. Cela rejoint sa philosophie. « On a le devoir de légèreté vis-à-vis des gens. Il ne faut pas leur envoyer trop d'images négatives. » Avec ses joues aux formes généreuses, ses cheveux gris et flous, son sourire en cascades, Yves Belin touche l'insouciance enfantine. C'est cette poésie qu'il a toujours cherchée dans la vie et qu'il dépeint maintenant et franchement sur ses toiles. Bénédicte GATECLOU, Ouest-France, décembre 1998 |