Il faut sans cesse veiller à établir un équilibre entre le vide et le plein, la forme (informe) et la lumière. Dans sa jeunesse, Serge Manson montra une passion qu’il n’a jamais reniée pour la science et la technologie. Il avait résolument choisi le camp de la modernité. Plus tard, professeur de dessin technique, il sut très largement tirer parti du trait, cet allié de la pensée structurante. Adepte par ailleurs de la photographie, tout ce qui touche à l’image allait naturellement l’intéresser.
Au cours du processus de création, Serge Manson veille à laisser libres des espaces dans lesquels l’œil peut circuler. Dans mon approche, je tiens compte du nomadisme du monde moderne, souligne-t-il. Il y a toujours un inconnu, un étranger au fond de chacun de nous, s’empresse-t-il d’ajouter. L’une des préoccupations de l’art serait de lui donner la parole en permettant ainsi une confrontation avec la part familière de notre être (ou des autres). Notre vie étant faite de douleurs comme de pépites, nous y trouvons ainsi un fonds universel, une raison d’échanger et de communiquer avec nos semblables ; le vœu du peintre étant que chacun s’attarde sur son œuvre en s’interrogeant par ce biais sur le sens de l’existence. Travaillant à plat, il circule autour de la toile à partir desquelles l’inconnu prendra forme, faisant naître du vide un espace suspendu entre deux infinis.
Une quête métaphysique, en somme.
Luis PORQUET
Critique d'art - Lauréat de l'Académie Française