Agenda
ROUEN : EXPOSITION CLAUDINE LOQUEN A LA GALERIE ROLLIN
Du 10/04/2018 au 12/05/2018
Galerie Rollin, 31 rue Ecuyère, 76000 ROUEN
Du 10 avril au 12 mai 2018,
Claudine LOQUEN
Echappant aux classifications, par trop réductrices, l’art de Claudine LOQUEN redonne à l’image toute sa puissance d’évocation en nous faisant entrer de plain-pied dans le monde déroutant du rêve et du merveilleux. Il n’est pas surprenant que le livre et la poésie tiennent dans sa vie une place privilégiée. Avec le 7e art, ils constituent la source à laquelle son imagination s’abreuve depuis toujours. Mais elle puise aussi bien ses thèmes dans l’histoire de l’humanité, avec une franche prédilection pour des destins tragiques ou romanesques comme le furent les vies de Jeanne d’Arc, d’Ann et Mary Boleyn, Joséphine de Beauharnais ou l’Impératrice Elisabeth d’Autriche. Car Claudine LOQUEN, avant tout, aime à raconter ou s’approprier des histoires et, comme elle est peintre et illustratrice, elle le fait par le biais du trait et de la couleur, passant allégrement du papier à la toile ou au bois, de l’encre à la technique mixte, en ayant recours au collage, à la calligraphie et aux chutes de tissus nobles qu’une amie lui fournit. Cela vient lui rappeler que sa famille compta en son sein quelques tisserands. Dans sa charmante maison de Rouen, discrètement dissimulée dans l’une des plus anciennes et plus pittoresques rues de la ville (la demeure, au Moyen-Age, abrita l’atelier d’un affichiste), Claudine LOQUEN semble vivre hors du temps, entourée des ouvrages de ses héros emblématiques : Jane Eyre, Nadja, Martin Eden. Le dernier nommé nous replonge dans l’univers sauvage et rude de Jack London, l’intrépide voyageur des grandes solitudes enneigées et l’auteur de Croc-Blanc. Rien d’étonnant dès lors, à ce que les loups jouent actuellement un certain rôle dans l’imagerie féerique et ciselée de Claudine qui dit avoir peu retiré de ses cours du soir aux Beaux-Arts : « En réalité, j’ai tout appris par moi-même, en me rendant dans les musées et en lisant des ouvrages d’art… » me confie-t-elle avec une certaine nostalgie. Mais se nourrir des chefs-d’œuvre n’est-il pas le meilleur moyen d’aller tout droit au cœur des choses ? D’une nature humble et sensible, mais animée d’une énergie sans concession, Claudine LOQUEN fait partie de ces êtres pour qui la vie demeure la grande pourvoyeuse d’enseignements, car plus que les diplômes, elle vous met en face de vous-même et du sel de l’humanité. Tout au long de son itinéraire, en exerçant successivement plusieurs métiers dont celui d’enseignante, Claudine LOQUEN a beaucoup appris et reçu, chaque rencontre pouvant être une occasion de découverte, de progrès et de remise en question. Seuls ceux qui croient savoir dédaignent les leçons que nous apporte chaque jour qui passe. Car aux yeux de l’éternité nous ne sommes que de perpétuels apprentis. Dans le domaine de la peinture Claudine LOQUEN revendique sans ambages sa passion pour Berthe Morisot, Emil Nolde, Charlotte Salomon, Paula M. Becker ou encore Gaston Chaissac, grande figure de l’art brut. Ces noms à eux seuls suffisent à situer ses propres attentes en matière d’expression artistique. Mais ils définissent moins un style qu’un état d’esprit. L’expressionnisme, entre autres influences, imprègne une part de sa recherche que l’on assimilerait, à tort, à l’art naïf, celui-ci ressemblant parfois à un fourre-tout invraisemblable où le pire côtoie le meilleur. Ce qui fait la richesse de l’œuvre de Claudine LOQUEN tient à l’extrême fraîcheur de son inspiration, toujours revivifiée par cette part authentique d’enfance qui n’a cessé de l’accompagner comme une inlassable veilleuse. Dans le livre de Philippe Quinta qu’elle a si délicieusement illustré – Comme en semant – j’ai trouvé ce passage qui éclaire, à mes yeux, toute la saveur de ses travaux : Tu t’émeus de la moindre chose. Cette aptitude à se saisir du moindre objet et du moindre mouvement de la vie est le signe d’une nature propre à magnifier chaque instant. Je cherche l’or du temps a dit André Breton peu avant de livrer son dernier souffle. Quoi de plus bouleversant que cette quête ! Le secret des poètes est de le trouver sans le savoir.
Luis PORQUET, écrivain - critique d'art
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