Agenda
SAINT-REMY-SUR-ORNE : EXPOSITION CATY BANNEVILLE "JE LEUR TENDRAI DES COQUELICOTS" AU CENTRE CULTUREL DES FOSSES D'ENFER
Du 05/03/2022 au 16/04/2022
Centre Culturel des Fosses d'Enfer, Route de Caen, 14570 SAINT-REMY-SUR-ORNE
Du 5 mars au 16 avril 2022,
Caty Banneville
"Je leur tendrai des coquelicots"
Entre ombres et reflets, l’artiste est à l’affût des moindres vibrations du monde. On dirait que le paysage a chez elle table ouverte. Il se laisse caresser du regard, prenant à chaque saison une couleur particulière. Après l’éclosion des verts tendres aux infinies nuances soyeuses, on verra s’allumer le jaune entêtant du colza, puis ce sera le bleu céleste et purifiant du lin, la danse légèrement ambrée des graminées (dactyle, flouve, fétuque, pâturin, folle avoine), les pourpres capiteux de l’automne et le grand silence de la neige où s’inscrivent brindilles et fragiles pattes d’oiseaux, comme une sautillante calligraphie venue des confins de l’Orient. On ne sait plus si c’est Caty qui crée le tableau ou le tableau qui la fait naître. La peinture est pour elle un constant cheminement spirituel, une manière de saluer la présence rassurante des choses, d’entrer dans l’épaisseur de l’eau, dans les profondeurs chatoyantes du miroir que lui tend chaque jour la bondissante rivière voisine. Le vent y courbe les images, les remodelant sans cesse à sa guise, faisant surgir les rêves des terres enchantées de l’enfance. Les vagues en sont les voix troublantes. Les arbres s’y donnent des airs de passereaux. La toile blanche est cet espace même où se joue l’aventure migratrice d’une vie, où vient se dilater l’instant sous l’éclaircie soudaine. Derrière le voile diaphane des apparences, l’algue des songes s’y laisse apprivoiser, tissant ses arabesques brunes sur la trame embrasée du ciel. La poésie, comme on s’en doute, occupe beaucoup de place dans la vie intime de l’artiste, relevant de ces palpitations infimes que ne peut saisir que le cœur, toujours en avance sur le reste. Il arrive même qu’une courte citation d’auteur soit à l’origine d’un tableau et je repense, en l’écrivant, à ces mots qui me vinrent en marchant un certain matin de printemps : Paroxysme de l’effacement : il était devenu si léger que les fleurs seules le voyaient. L’univers de Caty Banneville exalte la grâce native des fleurs, la légèreté des tiges qu’agite le souffle de la brise, le chant innombrable des sources, ce portrait de l’éternité. Il a la volupté radieuse et bienfaisante de l’éphémère, de l’insaisissable des jours. En contemplant son champ de colza, on a la sensation d’être immergé dans un bain poudreux de pollen, comme si les pigments qu’elle broie se répandaient à son insu dans l’atmosphère, à l’instar d’un parfum dissolvant les chaînes du temps. C’est comme un lent murmure qui se fait hors de nous et en nous. Un discret jaillissement qui rend toute chose nouvelle. Une fragrance qui vous donne des ailes. Je pourrais conclure cette approche en disant que Caty Banneville s’impose pour moi comme un grand peintre. Mais en vient-on à louer le vent de donner vie au peuplier ?
Luis PORQUET, écrivain - critique d'art
Vernissage le 4 mars à 18h
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