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Critiques d'art

Elisabeth Le Borgne



Poèmes, saynètes, romans, nouvelles, théâtre, chansons... Elisabeth Le Borgne a toujours écrit. Cependant, l'écriture n'est pas chez elle une obsession. En quête d'une voie possible pour elle, elle est simplement à l'écoute de ses voix intérieures.

Elisabeth Le Borgne lit volontiers ses textes en public, souvent accompagnée d'un musicien.

Elle aime les gens, les voyages, la randonnée, les Arts en général, le symbolisme, le fantastique... Son écriture, tout imprégnée de ces passions multiples, ne cesse d'interroger le sens caché de l'existence.

Depuis huit années, elle anime régulièrement des ateliers d'écriture dans les écoles, médiathèques, maisons de retraite.


puceBiographie
puceBlog "Plume dedans, plume dehors"



Les derniers habitants des takyiènta
Récit de voyage (entre 2006 et 2014)

Photographies en couleurs de Marie-Hélène Labat
Textes de Régis Sénécal


"Les derniers habitants des takyiènta est un hommage aux habitants du village Warengo, inclus dans le Pays Tamberma (Togo), une trace pour les personnes photographiées et aussi pour tous ceux qui suivent et encouragent le travail de Marie-Hélène Labat depuis ses débuts dans le métier.

Ces dernières années, Marie-Hélène Labat a fait 8 voyages au Pays Tamberma dont 4 en famille. Le premier n’était pas le fait du hasard. La rencontre avec le peuple de Warengo a eu lieu par le biais d’un ami togolais. La famille blanche a donc été introduite auprès des villageois noirs dont l’habitat est assez dispersé. Une rencontre importante qui, au fil du temps, a noué de puissants liens entre un peuple guerrier et assez stigmatisé qui tient une place à part au Togo et une famille française. D’emblée, Marie-Hélène, Régis et leur fille sont sous le charme des petites maisons en terre de Warengo qui ressemblent à des miniatures de châteaux forts. Depuis 2005, ces dernières font d’ailleurs partie du Patrimoine Mondial de l’Unesco grâce à l’ethnologue Dominique Sewane qui a séjourné là-bas dans les années 80 et a écrit une thèse sur le sujet. Sous le charme encore de la population et des différents rituels, malheureusement aujourd’hui en voie de disparition, auxquels Marie-Hélène et Régis ont pu assister ensemble ou séparément. Le culte des morts, en particulier.

D’abord, l’arrivée de la famille blanche déclenche la peur chez les villageois. Les plus anciens ont vécu nus jusqu’aux années 70 et aujourd’hui encore ne sont pas très habillés. L’appareil-photo de Marie-Hélène leur permet de découvrir leur image, non sans curiosité. Non sans appréhension aussi. En eux, la peur du regard de l’autre ; celui des habitants du sud du pays en particulier, avec lesquels les relations n’ont pas toujours été bonnes. Car, outre son matériel photographique, Marie-Hélène dispose d’une petite imprimante grâce à laquelle les clichés peuvent circuler de mains en mains ou s’exposer, accrochés par des pinces à linge à l’école du village sous les yeux fascinés des modèles qui s’installent volontiers devant eux plusieurs heures durant. Marie-Hélène, avec ses portraits -elle a peu photographié les paysages- réunit les gens, les rapproche les uns des autres en dépit des tensions qui ont pu les séparer. Sa mission et celle de ses compagnons ne s’arrêtera pas là, loin s’en faut.

En une poignée d’années, le couple accompagnera les villageois dans leur ouverture sur le monde liée à l’arrivée du portable au village, à divers bouleversements matériels, à la perte des traditions et des repères, aux conflits générationnels et au désarroi des Vieux face à un brutal remue-ménage difficile à vivre pour tous. Chez les plus jeunes, se manifeste rapidement une volonté de vivre autre chose que ce que leurs ancêtres ont toujours connu, de découvrir la modernité. Avec eux, Marie-Hélène et Régis créent une association, un Comité des Sages qui recensent les différentes actions à mener pour améliorer la vie quotidienne des villageois. Grâce à cette entreprise, l’école et le collège se dotent en livres et en manuels scolaires correspondant aux programmes togolais, ici et là les réparations nécessaires sont réalisées, du mobilier neuf est fabriqué sur place. A résoudre encore, le problème de l’eau, véritable calvaire car les puits sont à sec et les pompes cassées ce qui entraîne des maladies, notamment chez les enfants.

Mais voilà qu’une ONG s’en mêle ! Grâce à son soutien, les puits seront bientôt reconstruits ; et avec celui d’Electriciens sans frontières, des panneaux solaires seront installés pour l’école et le dispensaire, lui aussi amélioré. Aujourd’hui, grâce à ces différents secours, les habitants de Warengo ont beaucoup gagné en autonomie. Chaque visite de Marie-Hélène et de sa famille au village est une véritable fête. La prochaine étape sera pour eux l’offrande du livre, témoignage d’un mode de vie qui échappe déjà aux jeunes générations, lesquelles, quand elles quittent le village, ont bien du mal à y revenir. Pour la famille blanche, cette expérience en Pays Tamberma est aussi marquante que bouleversante. Voilà pourquoi il était essentiel pour le couple Marie-Hélène/Régis de publier ce livre, Les habitants des Takyiènta, traité sous forme de petits chapitres consacrés chacun à un thème précis : arrivée à Warengo, le clan, la takyiènta, le dispensaire, le changement de monde, les rituels. Suivent quelques indications permettant de mieux situer le village et la région au sein du Togo.

Nombre de photographies jouent avec le flou et le net, le clair et l’obscur. Par ex., nous avons un magnifique clair-obscur p. 4 (femme de profil), un autre p. 12, 13, 51. Autres coups de cœurs : une grappe humaine mi floue mi nette p. 8 et 9, un portrait masculin contrasté p. 11. Nous pourrions en citer bien davantage. Par ex., la takyiènta p. 19 et 20 (intérieur et extérieur), l’intéressant point de vue de la p. 22, les jeux d’enfants très naturels p.25, les femmes au travail verts sur verts p. 23, le dispensaire (chez Appoline) p. 36 et 37, les rituels, les chants et les danses ou le modèle pris sur le vif (p. 2) à travers lequel s’exprime toute l’affection qui relie la photographe à son modèle et le vice et versa.

Elisabeth Le Borgne, critique d'art



Les derniers habitants des Takiyènta - Publié en autoédition, cet ouvrage de 72 pages format 25/22 cm est essentiellement diffusé par les auteurs que l’on peut joindre par mail : marie-helene.labat@wanadoo.fr ou par téléphone : 06 62 70 70 93 – Prix : 35 € - Librairie « Le rêve de l’escalier » - 14, rue Cauchoise à Rouen.




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