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PARIS 3e : EXPOSITION JOACHIM BANDAU "CANONS" A LA GALERIE MAUBERT


Du 14/05/2020 au 06/06/2020
Galerie Maubert, 20 rue Saint-Gilles, 75003 PARIS



Du 14 mai au 6 juin 2020,

 

Joachim BANDAU

"Canons"

 

Né en 1936, Joachim Bandau se forme de 1957 à 1961 à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf (où étudient également Gerhard Richter et Joseph Beuys). De la fin des années 1960 jusqu’au milieu des années 1970, il réalise des sculptures en polyester laqué dont les formes biomorphiques inspirées de postures humaines évoquent autant le design industriel et l’architecture de l’époque1 que d’inquiétants appareillages médicaux – caissons hyperbares ou engins de transfusion – sans se départir d’un héritage possible avec d’autres univers sans doute plus éloignés de la création artistique admise – on songera aux sculptures biomécaniques de son contemporain Hans Ruedi Giger, aux sarcophages d’hibernation de 2001, l’odyssée de l’espace(1968) et, pourquoi pas, à La Guerre des mondes (1953) et ses machines martiennes proches de certaines de ses œuvres (Manta en 1971, par exemple). Il y aurait sans doute une histoire – passionnante – à écrire sur la manière dont certains éléments de la culture populaire ont pu ainsi infuser, consciemment ou non, dans les premières années de cette pratique sculpturale qui connaît à partir de 1976 une mutation majeure. Les sculptures biomorphiques s’éclipsent et ouvrent la voie à une série de dessins et de collages aux formes radicales évoquant celles de bunkers que l’artiste décline ensuite en un vaste ensemble de sculptures en plomb ou en acier de petites dimensions, disposées au sol (série Bunkers) puis au mur (série Wall Pieces). Parfois modulaires, leurs éléments aboutés s’assemblent et de désassemblent au gré des présentations, dévoilant la complexité de leurs architectures internes. Ces œuvres, inspirées des casemates fortifiées bâties pendant la Seconde Guerre mondiale par les allemands, dénotent autant chez Joachim Bandau d’un intérêt formel pour l’architecture des bunkers2 qu’elles en appellent aux souvenirs d’enfance de l’artiste, âgé d’à peine dix ans à la fin de la guerre. Cet élément biographique vient en partie contredire une classification hâtive qui souhaiterait placer Joachim Bandau dans le sillon de la mouvance minimaliste en considérant ses œuvres comme dépourvues de toute subjectivité. Sous couvert d’une distanciation apparente, les Bunkers laissent en effet affleurer les blessures mémorielles ainsi qu’une lecture propre au sujet lui-même qui ne peuvent être ignorées. Ne voir dans ces œuvres que le développement d’une pensée strictement formelle serait les amputer d’une part essentielle3 . Il faut aussi souligner que, dans sa signification première et avant d’être une fortification militaire, le terme « bunker » correspond à la zone ensablée entourant le green d’un terrain de golf, là où les balles s’échouent et s’enlisent, là où elles se perdent, et les Bunkers de Joachim Bandau sont aussi cela : des zones où le sens s’enfouit, s’enlise dans une duplicité féconde. Le bunker du golfeur est hors zone, hors champ et, lorsqu’il devient le bunker militarisé à usage d’observation ou d’attaque, il est le point aveugle enlisé dans un paysage, il est le bloc impénétrable dont l’intériorité demeure indiscernable, dissimulée au regardeur ; il permet de voir sans être vu ; il peut être abandonné en ayant l’air d’être occupé ; il cache ce qu’il protège en offrant depuis l’intérieur une vision extensive : il est une pure intériorité cadenassant le regard extérieur. Sur cette notion d’intériorité, on notera d’ailleurs l’hybridation à laquelle procède Joachim Bandau lorsqu’il fusionne, dans un grand dessin de 1978, un bunker doté de deux meurtrières horizontales avec la forme d’une tête : dès lors, au-delà de la dimension architecturale, les Bunkerspeuvent aussi être – littéralement – envisagés, se donner à voir comme les intériorités secrètes et labyrinthiques de têtes, ce que les dimensions réduites de ces sculptures peuvent induire (et l’on pourrait gloser sur la résonance entre la taille de ces œuvres, leur déposition au sol et l’étymologie de « tête » – caput – qui finit par faire advenir le mot « capitulation »...).

Les aquarelles des séries Black Watercolors (initiée au début des années 1980) et Yellow Watercolors (datant de 2005 et 2006) utilisent aussi un vocabulaire géométrique mais elles semblent retourner l’opacité brutale des Bunkers et des Wall Pieces au profit d’une transparence délicatement feuilletée, constituée de dizaines de formes rectangulaires grises ou jaunes diaphanes, à la limite de la transparence totale, super-posées selon un principe de chevauchements, de décalages infimes qui produisent une double illusion de profondeur op-tique et de mouvement – on songe aux chronophotographies d’Edweard Muybridge et à la protohistoire du cinéma. Les aquarelles nécessitent un processus long – plusieurs se-maines, voire plusieurs mois – où chaque couche alterne avec un temps de séchage puis de pressage du papier. Le mouve-ment et la profondeur règlent ces compositions selon une ryth-mique proche d’un canon musical, où chaque nouvelle forme répond à la précédente, parfois dans un quasi unisson, parfois selon des modulations d’intervalles. Il y a écho et polyphonie au sein d’un processus qui, bien que longuement prémédité, autorise l’improvisation et le hasard pour un résultat d’une beauté fascinante. Les aquarelles se révèlent in fine comme de véritables pièges visuels dont la profondeur spatiale sou-vent abyssale engage une relation temporelle inversée. Les œuvres se lisent et se livrent à l’envers et, à nouveau, comme dans ses sculptures, Joachim Bandau renverse l’économie du voir en bloquant partiellement ou totalement le regard. Dans les séries Bunker et Wall Pieces, la vision est bloquée par le béton tout en étant happée par l’orifice rectangulaire sombre des meurtrières ou des ouvertures, vers une intériorité qui lui demeure occulte. Dans les aquarelles, le regard se perd dans la modulation des transparences au sein de structures com-plexes, impossibles à décoder, puis se heurte frontalement à l’opacité d’une forme ultime, simultanément mur impénétrable et excavation sans fond.

Jean-Charles Vergne




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